La posture du psychanalyste et du psychologue clinicien peut parfois surprendre. Le clinicien écoute, interprète. Mais il ne donne pas de conseil. Il n’influence pas son patient. Bien au contraire, il cherche à favoriser l’autonomie de son patient, par le renforcement de sa liberté de pensée, de son moi, ou encore par l’extension de son champ de conscience. Issu du grec « clinikos« , signifiant, « auprès du lit du patient », la clinique est un art de la douceur.
Lacan disait du clinicien qu’il est un « sujet supposé savoir« . Ce savoir, ce sont les connaissances en psychologie et psychopathologie. Il s’agit de la théorie, qui, de Freud à nos jours, n’a jamais cessé de s’approfondir, d’explorer des champs nouveaux, et d’évoluer en phase avec la société. En effet, on ne rencontre pas les mêmes pathologies que celles qui occupaient Freud à Vienne au début du XXe siècle. Par exemple, on rencontre de nos jours peu d’hystéries de conversion, mais beaucoup d’addictions, psychopathologie qui n’est que marginalement évoquée dans l’œuvre freudienne.
Dans la relation d’aide, au cours d’entretiens cliniques qui font la psychothérapie, se réalise la rencontre entre la demande d’un patient en état de souffrance psychique et/ou somatique, et le clinicien à l‘écoute. Face à la vulnérabilité, la fragilité, la détresse, le psychanalyste et le psychologue doivent faire preuve de retenue, et éviter à tout prix les abus de faiblesses qui caractérisent les gourous. Ces derniers exploitent la souffrance pour déployer une emprise délétère, toxique, destructrice. Le clinicien, lui, conduit les entretiens psychothérapiques dans la modération, l’absence de jugement, l’ouverture d’esprit.
Le bon clinicien est celui qui s’adapte à son patient. Son écoute est non-directive, c’est-à-dire qu’il n’induit pas le discours de l’autre. Ses questions sont là pour inviter le patient à élaborer davantage les sujets qu’il souhaite travailler. L’attitude du clinicien est professionnelle et doit le rester. Une relation thérapeutique n’a pas vocation à être amicale, même si elle est, bien évidemment, caractérisée par une grande bienveillance. Le clinicien sera également à l’écoute des rythmes propres à chaque patient : rythmes de la parole, de la vie quotidienne. A cet égard, il faut faire preuve de patience, éviter les précipitations.
La clinique procède donc autant de l’art (une démarche de travail des formes de l’échange) que de la science (la rencontre avec un savoir objectif). Cette posture clinique et son cadre bien défini doivent construire une alliance thérapeutique c’est-à-dire une relation d’aide caractérisée par une confiance mutuelle. Le clinicien et son patient s’accordent sur des objectifs thérapeutiques et sur les moyens d’y parvenir. Les deux protagonistes de la clinique doivent développer la conviction qu’ils travaillent dans la même direction : l’amélioration de l’état du patient. Le psychanalyste ne change pas un patient, il l’aide à se changer. L’entretien clinique est destiné à ouvrir des portes autrefois closes pour le patient. Métaphoriquement, nous dirons que dans l’échange et entre les mots, on façonne un clé destinée à ouvrir les portes d’un avenir meilleur.